Nilouhe Nuer

Il me semble que je travaille mieux par intuition et par instinct et je me donne donc beaucoup de mal pour ne pas élaborer une scène avant de la tourner. Les films ont une vie propre, qu’importe la façon dont on les monte. Mais récemment, plus j’ai tenté d’improviser, plus mes films sont devenus abstraits et stylisés. La Fille du Nil, qui vise la clientèle jeune de Taïwan, a les mêmes problèmes. Je veux que le film soit plus commercial, plus réaliste et plus émotionnel. Pendant le montage, j’ai supprimé les parties que j’estimais manquer de naturel, mais le film achevé s’est finalement avéré plus froid et plus distant que je ne le souhaitais, contrairement à ma personnalité. En raison du récit qui parle des jeunes et de la vie urbaine, le film contient l’énergie et l’impulsivité de mes premiers films commerciaux. Le film est, évidemment, insatisfaisant. Mais le fait de le tourner fut extrêmement enrichissant. Hou Hsiao-Hsien